Traduction automatique VS traduction humaine : comment faire un choix éclairé ?
Catherine Granell, fondatrice et directrice de la société CG Traduction & Interprétation vous donne dans cette vidéo et cet article toutes les pistes de réflexions à mener pour faire un choix éclairé entre les différentes méthodes de traduction.
Traduction humaine ou automatique, il n’y a pas de mauvaise solution parce qu’il n’existe pas qu’une seule qualité de traduction. Alors quelle qualité de traduction souhaitez-vous pour votre projet ? C’est la question clé à se poser pour choisir celle qui correspond à vos besoins et à vos contraintes.
Quels sont les changements de 2020 ?
Dans l’Histoire de la traduction, nous retrouvons Saint Jérôme, patron des traducteurs qui savait que la traduction permettait un pont linguistique et culturel entre les pays. En effet, une traduction doit être localisée parce qu’on ne s’adresse pas de la même façon à un néerlandais et à un italien, par exemple.
En 2020, le traducteur est toujours l’intermédiaire entre les langues et la culture mais il dispose aujourd’hui d’outils qui lui permettent d’accroître sa productivité, de faciliter son travail et d’optimiser la cohérence des documents en évitant de retraduire des textes qu’il a déjà traduits.
De nos jours, le traducteur fait face à des volumes décuplés de textes à traduire, ne serait-ce que sur internet. La traduction automatique a été fortement décriée mais sans elle, tout ce qu’il y a sur internet, tous les sites, ne pourraient être traduit car aucun humain n’a la capacité de traduire un tel volume de contenus.
Quelles sont les technologies utilisées ?
La traduction assistée par ordinateur
L’informatique moderne a apporté des aides technologiques non négligeables. D’abord, il y a ce qu’on appelle la traduction assistée par ordinateur (TAO) qui permet de mettre en œuvre des mémoires de traduction, avec différents outils comme SDL, ATRIL, Memsource,…
Une mémoire de traduction est un logiciel qui permet d’aligner un texte source avec sa traduction dans la langue cible. Pour prendre un exemple simpliste, si vous avez déjà traduit une fois « le chat est sur le toit » par « the cat is on the roof », à chaque fois que vous retrouverez cette phrase dans votre texte, elle se traduira automatiquement et de la même façon. Ce qui évite, par exemple, de traduire le mot anglais « car » par différents termes comme « automobile », « voiture », « caisse », …
La TAO est donc une aide à la productivité des traducteurs mais surtout à la cohérence des traductions.
La traduction automatique
La deuxième aide technologique qui est plus récente, c’est la traduction automatique. Elle permet de traduire instantanément un document, dans un temps court, quel que soit le volume.
La traduction automatique est une accumulation de traductions qui s’enrichissent mutuellement pour constituer une base de données. Il existe plusieurs systèmes, comme Google Traduction qui capitalise toutes les traductions trouvées sur internet pour finalement délivrer des traductions qui – de facto- ne cessent de s’améliorer, surtout dans les langues les plus courantes. Ceci est d’ailleurs vrai de tous les logiciels de traduction automatique qui sont d’autant plus performants que la langue est plus souvent sollicitée.
Avec ces évolutions, l’offre de traduction a donc changé. Voici une analyse des 3 méthodes existantes, avec une précision sur le tarif des traductions :
Audit des 3 méthodes de traduction
1. La traduction humaine
La traduction humaine est effectuée par un professionnel diplômé de traduction. Il est spécialisé dans un domaine précis (traduction juridique, financière, marketing…), surtout dans les langues européennes courantes. Il traduit sa ou ses langues apprises dans sa langue maternelle car c’est la seule dont il maîtrise vraiment les subtilités et dans laquelle il sait transmettre la signification au-delà des mots, en éliminant la barrière linguistique.
Pour garantir la cohérence de ses traductions dans le temps, ce traducteur professionnel va s’aider d’un logiciel de TAO, il va constituer les mémoires de traductions et capitaliser la terminologie et les traductions existantes qu’il choisira ou non d’utiliser. Il y a 2 niveaux de traduction humaine :
La traduction humaine vérifiée
La traduction humaine peut être simplement vérifiée, relue et corrigée par le traducteur de première intention.
La traduction humaine relue
Cette fois, la traduction fait l’objet d’une relecture comparative effectuée par un second traducteur ayant les capacités de relire le texte en question. Pourquoi ? Voici un témoignage de Catherine Granell :
“Avant de fonder la société CG Traduction et Interprétation, j’étais traductrice professionnelle et, en toute modestie, je traduis bien. Il y a quelques années, j’ai traduit un livre et mon responsable qualité a relu ma traduction, il n’a pas trouvé une seule faute… Mais il a grandement amélioré le texte car il a pris une hauteur avec le texte que je ne pouvais pas prendre parce que je n’avais pas le recul nécessaire. Alors, quand nous voulons une traduction vraiment bien rédigée dans la langue cible et donc facile à lire, elle doit être relue par un second traducteur.”
Si nous prenons pour référence cette traduction humaine relue, disons qu’elle représente 100% du coût. La traduction vérifiée sera quant à elle facturée 90% du tarif de la traduction relue.
2. La traduction post-éditée
La deuxième méthode est la traduction post-éditée. Il s’agit là d’une traduction dont le premier jet est réalisé par un logiciel de traduction automatique.
Ensuite une relecture comparative est effectuée par un traducteur professionnel, phrase à phrase, mot à mot. Il va corriger et adapter la grammaire, la terminologie mais il ne va pas s’attacher au style. C’est-à-dire que vous aurez une traduction qui sera juste, grammaticalement correcte mais qui ne sera pas rédigée et nuancée comme pourrait l’être une traduction humaine.
La traduction post-éditée est efficace et rapide parce que le premier jet étant effectué automatiquement, le délai est forcément raccourci. Sur le plan financier, elle est facturée 50% du prix de la traduction humaine relue.
Vous pouvez consulter notre guide de la post-édition si besoin.
3. La traduction automatique
Nous ne pouvons pas nous appuyer les yeux fermés sur une traduction automatique brute, dans la plupart des cas. Mais elle permet de savoir ce que contient le document pour savoir si traduire présente une quelconque utilité. A CG nous l’appelons traduction automatique « accompagnée ».
La traduction est effectuée par un logiciel de traduction automatique, elle est vérifiée pour s’assurer que tout y est mais elle n’est pas relue. Pour nos clients, c’est un moyen efficace pour évaluer l’utilité du document et juger s’il est nécessaire d’aller plus loin dans la traduction. Par exemple, s’il s’agit d’un appel d’offre, grâce à cette traduction, notre client est en mesure de décider si l’appel d’offre l’intéresse ou non.
Nous proposons un volume d’heures proportionnel au volume traduit automatiquement qui permet au client de nous solliciter s’il a besoin d’aide pour comprendre la traduction. Cet accompagnement est fait, bien sûr, par un traducteur professionnel spécialisé dans le contenu concerné.
Pour ce type de traduction brute, qui permet une compréhension globale du document, la prestation est facturée 25% du tarif de la traduction humaine relue.
Comment choisir la bonne solution de traduction ?
Maintenant que nous avons fait le tour des méthodes de traduction, comment choisir celle dont vous avez besoin ?
Il faut bien avoir conscience que les professionnels de la traduction ont des diplômes et un réel savoir-faire, il ne suffit pas d’avoir un dictionnaire pour traduire. C’est pourquoi la traduction professionnelle à un coût, qui va dépendre de la méthode choisie.
Pour faire votre choix, voici un questionnement absolument indispensable :
Quelle utilisation allez-vous faire de la traduction ?
Est-ce que vous souhaitez simplement savoir ce que contient le document ? Est-ce que votre traduction concerne un document interne à votre entreprise ? Si oui, vous n’avez peut-être pas besoin que la traduction soit rédigée dans le langage de Shakespeare, dirons-nous, pour l’anglais. Au contraire, si votre traduction est destinée à être publiée, le document devra être rédigé.
Quel est votre délai ?
Le délai est un facteur essentiel à prendre en compte pour choisir la bonne solution de traduction.
Il faut savoir qu’un traducteur traduit et relit 2 000 mots par jour. Effectivement, 10 traducteurs peuvent être sollicités pour traduire 20 000 mots par jour et respecter un délai plus court. Mais il s’agit d’un choix à faire en fonction de l’ensemble du questionnement, d’autant qu’il pose le problème de la cohérence des différentes traductions.
Récemment à CG, nous avons été à la tête de 400 000 mots à traduire en 15 jours. La seule solution était la post-édition, qui a parfaitement convenu au client à qui nous avions détaillé les enjeux.
Quel budget souhaitez-vous allouer à votre projet de traduction ?
C’est encore un point important car si votre budget est trop limité, vous ne pourrez peut-être pas bénéficier d’une traduction humaine relue. Il faut faire des choix et il est primordial de définir un budget adapté à ce dont vous avez réellement besoin.
Si vous avez un document important, qui aura un impact sur votre activité ou sur votre image, qui peut avoir des conséquences négatives en cas de traduction trop approximative, nous vous recommandons d’allouer un budget nécessaire à la réalisation de traduction professionnelle humaine. Il faut que le budget alloué à la traduction soit cohérent avec la qualité dont vous avez vraiment besoin.
Quel est l’enjeu de votre traduction ?
Le dernier élément à prendre en compte pour faire un choix éclairé, et peut-être le plus important, est l’enjeu. Vous devez identifier l’importance que vous attachez à la traduction de votre document.
Est-ce qu’avec cette traduction vous souhaitez gagner un marché ? Il vous faut une traduction adaptée à ce marché et à son contexte : la traduction doit-elle être juste ou fine ?
Est-ce qu’avec cette traduction vous souhaitez améliorer votre image de marque ou vous souhaitez simplement passer une information ? Vous n’allez pas traduire une note de service à destination du personnel de la même façon qu’un document marketing qui devra avoir un réel impact sur son lecteur, et sur votre activité.
Si vous avez un document stratégique, rédactionnel, un document important pour l’image de l’entreprise, un contrat (qui peut avoir des conséquences juridiques), nous vous recommandons vivement de choisir la traduction humaine.
En revanche si vous avez un document technique à traduire, même s’il est important, l’enjeu est que la traduction soit juste, mais ce ne sont pas des textes qui ont besoin de nuances. La post-édition ou la traduction automatique accompagnée peuvent suffire.
En résumé, il faut traduire, oui, mais pour qui ? Pourquoi ? Pour quand ? Comment ? Et à quel prix ? Pour vos prochains projets de traduction, pensez à répondre clairement à toutes ces questions afin d’être certain que la solution de traduction choisie sera pertinente et adaptée à votre besoin.
Et rappelez-vous, comme le dit souvent Catherine Granell : “Mieux vaut ne pas traduire que mal traduire” parce qu’une mauvaise traduction est toujours trop chère.
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